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l'âge, la vie vieillir est dans l'air du temps… aller au contenu les blogueurs photographie et vieillesse, plurielles sites amis ← articles plus anciens pathos publié le 31 mai 2018 par lagelavie du grec : « ce qu’on éprouve » « épreuve » « évènement » ce sont bien ces termes que j’ai à l’esprit ces temps-ci où, méprisant le printemps qui ne demande qu’à le rencontrer, je m’enferme avec cadre et infirmière pour remplir les cases du fameux algorithme censé apporter -ou retirer- quelques sous aux établissements exsangues. je sais, je sais, notre ministre débloque, parait-il, quelques millions, des infirmières de nuit et peut être des aides-soignantes de jour. espérons. en attendant, j’éprouve l’épreuve du pathos, sans preuve de son efficience. j’ai demandé à notre sympathique apothicaire de me donner quelques anxiolytiques destinés à ne pas perdre son sang froid devant l’écran qui refuse obstinément d’obtempérer, prétextant l’oubli d’un mot de passe que, bien sûr, la cnsa est incapable de me donner. pathos, galaad, pmp, gmp, pitié ! je crie : « a moi galaad, à moi manassé ; ephraïm est le rempart de ma tête » mais le psaume biblique ne me vient pas en aide ! et j’ai mal au crâne ! je me souviens qu’il y a cinq ans, le « pmp » de notre établissement était au plus bas, et qu’il risque d’y être encore cette année, bien que nous nous efforcions de marchander autant que possible, et que le médecin de l’ars sera reçu avec café et croissants. seulement voilà. nos vieux ne sont pas vus comme malades. au moindre trouble dit du comportement, nous n’appelons pas le psychiatre et un « p1 » qui cote bien nous passe sous le nez… on préfère chanter, sortir, jouer. on ne prescrit pas trop de psychotropes. les préventions d’escarres ne comptent pour rien, par contre, un gros pansement, lui, est « rentable »… mais on préfère se fatiguer à mobiliser, masser, mettre debout. on ne s’acharne pas, au prix de techniques souvent deshumanisantes -et chères- à maintenir en vie quelques heures de plus, ou quelques jours, un résident qui n’en peut plus. et voilà le « t2 » qui nous passe entre les doigts. les patients dits « déments », qui nous sont si présents, ne prennent plus depuis longtemps les anticholinestérasiques que notre ministre vient de dérembourser. il n’y a plus de malades d’alzheimer, donc des « s 0 », qui ne rapportent rien. il faudrait conseiller, pour avoir des sous, l’abandon des préventions d’escarres, la contention généralisée, témoignant des situations psychiatriques « de crise », la multiplication d’examens biologiques ou d’imagerie pour prétendre des « dg » rentables, même si la plupart des examens demandés ne changent strictement rien aux thérapeutiques. ne pas prescrire est suicidaire pour un pathos bien chargé. il faudrait brutaliser les gens, qui souhaitent se reposer au fauteuil, par de la kiné intensive qui rapporte gros. que de « r1 » nous échappent ! nous préférons la patience de l’aide-soignante, qui connait les petites habitudes, et qui « rééduque » à sa bonne manière. et si la coupe pathos, qui coupe dans les budgets, nous cassait un peu dans notre désir de faire des maisons de retraite des vrais lieux de vie… dominique rivière publié dans actualité , coup de gueule , vieillesse | marqué avec pathos | un commentaire quand j’étais vieux publié le 25 mai 2018 par lagelavie court métrage de laura stewart. suivi d’un texte de josé polard. quand j’étais vieux, je rêvais à quand j’étais jeune, passionnément jeune. jeune comme on peut l’être quand on se sent vieillir. encore et encore jusqu’au point de non-retour. Ça c’est du passé, c’est même mon passé. quand j’étais vieux, j’étais vivant encore. mal en point mais vivant. vous savez cette époque de la vie où, corps et esprit cohabitent, où parfois même, corps et esprit se séparent comme déchirés. parle à ma tête, jeune, mon cœur est vieux, ou l’inverse, je ne sais plus. maintenant je suis caché, là, au fond du placard. le silence s’installe, et le noir. ils me cherchent, c’est sûr. au fond du placard, qui saura me trouver ? je suis seul au fond du placard, et comme il me pèse, ce triomphe de la cachette parfaite. si personne ne me trouve, si personne ne me cherche. en vieillissant, je me suis labyrinthé. avant d’être vieux, j’étais jeune, je crois. et ce que je voulais, c’était rien d’autre que d’être jeune, jeune. c’était rien d’autre que d’être. toujours le même, etre. un jour je serais vieux, c’est ce qu’on dit, on m’a prévenu. ou pas. aujourd’hui, suis-je encore vivant ? publié dans art | marqué avec courmétrage , poème , solitude , vieillesse | un commentaire est-ce ainsi que les hommes meurent ? publié le 12 mai 2018 par lagelavie de tout temps les femmes et les hommes ont institué des rites destinés à lier les individus dans une même perspective d’existence, ce que nous nommons aujourd’hui tout simplement « faire société ». un de ces rites les plus anciens, le plus ancien peut-être, est le rite funéraire. il peut prendre de multiples formes, de la plus simple à la plus complexe. de la plus froide et rapide narration telle que nous l’assène le personnage du roman l’étranger de camus, à la plus grande débauche de moyens et de démonstrations, comme les funérailles d’empereur faits à johnny hallyday. ce rite, différent suivant les types de société, n’en demeure pas moins une sorte de pierre de touche contre laquelle sont venues s’appuyer toutes les sociétés humaines qui depuis plusieurs millions d’années, ont habité la terre. c’est même à cela que l’on reconnaîtrait les hommes des plus anciens aux plus modernes, à leur capacité à penser et « à prendre acte » de la mort de l’autre, à lui rendre en quelque sorte une manière de dernier hommage. pour lui signifier, maintenant qu’il n’est plus, qu’il était du groupe. qu’il était des nôtres. et, qu’au moins, tant que ceux-là survivront, ceux qui l’ont accompagné à son dernier lit, il ne sera pas oublié. mais la querelle est vive, celle qui voudrait dire ou contredire que seuls les hommes sont capables de prendre soin de l’autre. au point que les éthologues cherchent furieusement à montrer ̶ et ils le montrent ̶ que chez certains hominoïdes, les panina (lignée des chimpanzés) ̶ genre dont font partie, entre autre, les bonobos ̶ ou autres gorilles ( homininés gorillini ), on pourrait y voir aussi les rudiments de telles activités mortuaires, montrant par-là que tout est lié ̶ sans aucun anthropocentrisme ̶ , et que les hommes ne sont pas de pures créations démiurgiques mais une marche comme une autre, ni plus, ni moins, dans le grand charivari du développement des espèces. mais si, jusque-là, ce rite funéraire pouvait caractériser à minima les peuples d’humanité, au sein desquels il n’est pas étrange d’accueillir nos proches parents simiesques, il n’est pas certain qu’aujourd’hui cela soit encore le cas. dans un article du monde , le journaliste benoit hopquin s’interroge sur une défection qui semble envahir nos sociétés contemporaines quant à la considération du groupe envers certains de ses membres à l’heure de la mort. l’hécatombe caniculaire de 2003 avait déjà mis en évidence cet abandon d’une partie de nos concitoyens. en effet plusieurs semaines voire plusieurs mois après le décès en masse des vieux saisis par la chaleur verticale du ciel et la froideur horizontale du corps social, les cadavres de nombreuses personnes n’avaient toujours pas été « réclamés ». réclamés, ainsi qu’on le dit aussi des choses perdues et stockées sur les rayons de services communaux ou d’état : ceux des « objets trouvés ». benoit hopquin décrit comment certaines associations comme le collectif les morts de la rue [1] , tentent de suppléer à l’indifférence générale. « mardi 30 janvier, sous une pluie froide, deux personnes ont accompagné, de l’institut médico-légal de paris au cimetière de thiais, alain poux, 55 ans, carmen chavet, 91 ans, geneviève bouley, 86 ans et serge vildeuil, 57 ans. elles ont lu un petit texte devant la tombe de ces défunts dont elles ignoraient jusque-là l’existence. » [2] là-bas, quelques bénévoles forment cortège dont ils sont les seuls membres et disent quelques mots pour celle ou celui qui s’en est allé. ils perpétuent le rite funéraire. après l’enterrement, ils se rendent dans un bar, prennent un café ensemble, au nom du souvenir de ceux-là. demain ou après-demain, ils recommenceront. l’association n’est pas la seule, ailleurs, à lilles ou à marseille d’autres font le même chemin d’accompagner à la dernière demeure ceux que « l’administration appelle pudiquement ̋ les morts isolés ̏ ». nul doute aussi que souvent, parce que ces accompagnants manqueront, des femmes et des hommes seront inhumés dans la plus stricte solitude au carré des indigents, probablement assez mécaniquement par le service de fossoyage ad hoc . ces bénévoles d’association, ces quelques-uns, des humains, pallient à l’absence des autres. de ceux qui auraient dû, de ceux qui auraient pu et qui ne sont pas là. qui auraient dû, s’ils se prétendaient encore de cette humanité-là. combien de temps encore ces accompagnants funéraires porteront la trace de l’humanité ? car l’humanité change. elle devient de plus en plus pressée, de plus en plus rationnelle, de plus en plus rentable. passer du temps avec les morts n’est pas une activité rentable – sauf pour la maison borniol, bien sûr −, n’est pas une activité rationnelle, n’est pas une activité économe en temps. les vieux, dans nos organisations sociétales actuelles, sont certainement parmi les plus exposés à cet oubli d’eux, dès avant leur mort d’ailleurs et naturellement à l’heure de leur mort également. mais cette négligence à l’encontre de l’autre touche toutes les générations. d’après benoit hopquin et selon la fondation de france 5 millions de personnes vivraient dans l’isolement en france, « les petits frères des pauvres évaluent à 300 000 le nombre de personnes âgées en état de mort sociale » , et « le crédoc assure que 700 000 jeunes de 15 à 30 ans vivent dans une situation d’isolement et de vulnérabilité mentale ». mais, après tout, comme toutes les espèces, comme les dinosaures ou les dodos, et à rebours de ce que nous racontent les romans religieux, l’espèce humaine n’est pas destinée à survivre éternellement et elle aura une fin, une fin qui ne sera pas la fin des temps mais juste la fin d’un temps. alors, peut-être que l’avenir d’une autre humanité est à d’autres chimpanzés [3] ? peut-être que les vieux bonobos ont, eux, un avenir au sein d’une véritable communauté ? et des congénères qui s’intéressent à eux et marquent rituellement leur souvenir. il est possible que les bonobos, ou d’autres, fassent demain société dans un futur qui alors n’appartiendra plus à sapiens … christian gallopin illustration de gaëlle vejlupek ( @gaellevejlupek ) [1] http://www.mortsdelarue.org/ [2] benoit hopquin, « mort de quelqu’un », le monde , 4-5 février 2018, p. 28. [3] jared diamond, le troisième chimpanzé , essai sur l’évolution et l’avenir de l’animal humain, gallimard, 2000. publié dans actualité , alternative , choix , vieillissement | marqué avec mort isolé , rite funéraire | laisser un commentaire de quoi la maladie d’alzheimer est-elle le nom ? publié le 09 mai 2018 par lagelavie le soin des personnes âgées, puisqu’il s’adresse à des personnes affaiblies engendrent, chez le professionnel, divers inconvénients sinon quelques symptômes qui surgissent en général dès les premières années d’exercice : liés à l’illusion que l’on va trouver une solution nouvelle et quasi définitive aux avatars du vieillissement, puisqu’on a le temps devant soi, ils prennent le masque d’un excès d’optimisme, de considérations indispensables ou de propositions définitives face aux diverses situations de crise gérontologiques. passés ce cap, quelques complications peuvent survenir en l’absence d’une introspection personnelle et d’un travail visant à rebattre un peu ses ambitions : une irritabilité progressive s’installe avec une certaine lassitude et plus gravement avec une persévération insistante qui peut conduire à des attitudes forcenées voire à une maltraitance avérée. bien entendu, certains facteurs de risque favorisent cette évolution et notamment une rigidité excessive, une histoire individuelle marquée par un besoin de régler certains comptes avec ses aïeux, certaines convictions immodérées ou une franche structure psychopathologique. que penser, dans ces conditions, des récentes théories qui s’additionnent aujourd’hui pour proposer que la maladie d’alzheimer [1] n’existe pas ou qu’elle est une construction sociale [2] ? on pourrait d’abord opposer à ces prises de position que la « maladie d’alzheimer des neurologues » se présente avec une évolution parfaitement prédictible. le cerveau s’atrophie progressivement et cette involution suit un chemin connu et débutant en principe aux hippocampes pour s’étendre concentriquement ou presque. il est vrai toutefois que les lésions découvertes par alois alzheimer se présentent comme une énigme : leur étendue ou leur densité ne correspond pas aux manifestations cliniques de personnes ayant pu être correctement explorées par des neuropsychologues chevronnés puis vérifiés par des neuroanatomistes patentés. c’est donc cette absence de corrélation qui pose problème. d’abord aux héritiers de laennec qui considérait la méthode anatomo-clinique comme une « méthode d’étude des états pathologiques basée sur l’analyse de l’observation des symptômes ou des altérations de fonctions qui coïncident avec chaque espèce d’altérations d’organes ». ensuite pour jean-martin charcot selon qui le principe anatomo-clinique consistait en « l’étude soigneuse des symptômes associée à la constatation du siège anatomique des lésions après la mort ». et puisque nous en sommes à nous dire qu’il convient avant toute autre chose d’écouter notre interlocuteur catégorisé porteur de la maladie, empruntons son propos pour rapporter que ce « malade » passe son temps à nous dire que son rapport au monde a changé. qu’il est indifférent à notre humanité ordinaire et qu’il en appelle surtout à une position pleine et entière qui accepterait son déficit autant que son effort pour se retirer, tout doucement, du monde. c’est bien ici que ces nouvelles propositions sont utiles car elles plaident pour une nouvelle considération des personnes déclinantes et qu’elles invitent aussi à faire ce travail de renoncement à tout expliquer sinon à tout savoir. pour le praticien, l’enjeu est de professer avec ses doutes et avec ses incertitudes, d’admettre que jusqu’au dernier jour de la vie, aucune décision concernant un tiers n’est exempte d’une erreur, d’un défaut de perception de son plus profond besoin et qu’il n’existe aucun argument scientifique définitif pour déterminer la fragilité ou la vulnérabilité d’un être. c’est dans ces conditions qu’il finira par mener un exercice passionnant et, au passage, moins traumatogène pour les personnes vieillissantes. a ces dernières, le projet est d’offrir un espace de notre appareil psychique susceptible de s’accorder avec leur manque. non pas pour le combler ou pour y chercher la trace d’un agent pathologique mais pour y soutenir ce que ce manque peut appeler de désir. désir de vivre encore dignement, de pouvoir choisir ses objets (son ehpad, ses relations, ses conflits…), désir aussi d’ouvrir encore un œil nouveau et plus lointain sur le monde. dans ce sens, le patient déclinant invite celui qui l’accompagne à une « co-mémoration vivante ». car ce patient est encore capable de convoquer une configuration accueillante de la mémoire de l’autre. c’est un aménagement de l’appareil psychique qui se vouerait, pour partie, à soutenir l’oubli non comme un défaut mais comme la marque d’un souvenir actuellement absent. et ceci n’est pas sans difficulté, ceci n’est pas sans provoquer de vives résistances qui pourraient bien mener, également, à ces écarts déjà évoqués. c’est ainsi : le lien de soin est un échange et chacun finit par y emporter quelque chose de l’autre. s’il doit être question de bâtir une théorie de l’individu vieillissant sur ce qui lui fait défaut, alors admettons que nous lui avons pris. on voit par-là deux idées simples pour être utile : etre présent à ses propres affects dans la relation avec une personne déclinante et sentir la marque de notre attention pour elle, de ce que l’on consent à offrir. accepter notre propre finitude avec la même éventualité que celle de cette personne. quant aux traitements médicamenteux : réservons les psychotropes à ceux qui en ont toujours eu besoin pour eux-mêmes. et à ceux-là, faisons la proposition d’en réduire progressivement l’usage. jérôme pellerin [1] alain jean. la vieillesse n’est pas une maladie: alzheimer, un diagnostic bien commode. albin michel, 2015 [2] olivier saint-jean et eric favereau« alzheimer : le grand leurre. ed. michalon, 2018 publié dans actualité , alternative , alzheimer , ehpad , vieillesse , vieillissement | 2 commentaires la médecine n’est-elle pas en train de perdre sa crédibilité ? publié le 30 avril 2018 par lagelavie disons le d’entrée de jeu et tout net : il n’est pas impossible qu’on entre dans une ère de régression intellectuelle sévère, voire qu’on y soit déjà entré. cette question mérite un examen attentif car derrière le discours lénifiant sur « les progrès ininterrompus de la médecine », quelle est la réalité des choses ? plusieurs symptômes devraient nous alarmer là dessus. tout d’abord, la prétention à la mainmise sur la totalité de la psychiatrie par le dsm (diagnostic and statistical manuel). de quoi s’agit-il ? il s’agit d’une émanation de la psychiatrie académique américaine dont le soubassement s’affirme désormais totalement comportementaliste et s’opposant frontalement à la psychanalyse et à la psychiatrie classique. il s’agit d’un listing qui se veut a-théorique, an-idéologique, bref « objectif » des symptômes présentés par le sujet examiné (pas forcément malade d’ailleurs) sans aucune pensée sur ce qui lie ces symptômes entre eux chez un sujet donné, faisant fi de l’histoire du malade et de sa maladie, du contexte familial, social… faisant fi aussi de la consistance clinique de la psychiatrie classique et de la psychanalyse. et c’est cela qui est enseigné, à de rares exceptions près, dans l’ensemble des facultés de médecine. et l’on assiste à une explosion des pathologies : dépression, troubles déficitaires de l’attention chez l’enfant (tdah), « bipolarité » qui a désormais supplanté la psychose maniaco-dépressive. tout cela mélange les vraies pathologies avec des moments difficiles de l’existence que tout un chacun connaît. et l’on voit traiter tout et n’importe quoi : des gens qui ont « un coup de blues » traités pour dépression (ainsi aux etats-unis, un tiers des étudiants serait traité pour dépression), un nombre considérable d’enfants affublés du diagnostic de tdah traités par ritaline, sans qu’on dispose d’une quelconque garantie sur le fait que cette amphétamine prédisposerait à une toxicomanie ultérieure chez l’enfant préalablement traité. bref, un symptôme=un médicament et l’industrie pharmaceutique tourne à plein. il est d’autres raisons de s’alarmer. depuis des années déjà, des rédacteurs en chef de revues médicales jusque là prestigieuses sont entrés en « dissidence ». ainsi le dr angell qui dirigea pendant vingt ans le célèbre new england journal of medicine déclara-t-elle : « il n’est tout simplement plus possible de croire une grande partie des publications de la recherche clinique, ni de compter sur le jugement des médecins expérimentés ou les directives médicales faisant autorité. je ne prends aucun plaisir à formuler cette conclusion, à laquelle je suis parvenue lentement et à contrecoeur. le dr horton, du non moins célèbre lancet, surenchérit : « une grande partie de la littérature scientifique, sans doute la moitié, pourrait être tout simplement fausse. affligée d’études avec des échantillons réduits, d’effets infimes, d’analyses préliminaires invalides, et de conflits d’intérêts flagrants, avec l’obsession de suivre les tendances d’importance douteuse à la mode, la science a pris le mauvais tournant vers les ténèbres. » sans compter que ne sont publiées que les études dont les conclusions vont dans le sens de ce qu’on voulait démontrer et non celles qui vont dans le sens contraire. sans compter également l’influence considérable de ces revues que le grand public ignore. il est une notion essentielle à connaître, c’est celle d’impact factor. ainsi les revues déjà citées et quelques autres, toutes nord-américaines, ont un impact factor bien supérieur à celui de toutes les revues européennes. donc, un médecin qui, en france, envisage d’effectuer une carrière universitaire est tenu de publier des articles, quels qu’ils soient, dans ces revues à impact factor élevé. on peut en déduire deux choses : la première, c’est que ce sont les revues nord-américaines qui contribuent à nommer les professeurs de médecine en france. la deuxième, conséquence des propos des rédacteurs en chef cités plus haut, amène sérieusement à s’interroger sur la valeur des gens nommés par ce biais. cette situation est catastrophique. pourquoi ? certes, il s’agit d’une catastrophe morale car elle démontre à quel degré de corruption généralisée nous sommes parvenus et l’argent des laboratoires pharmaceutiques infiltre toute la médecine. mais le pire n’est pas là. cet état de fait décrébilise largement le discours médical et ouvre la porte aux « ténèbres » et à l’obscurantisme. prenons un exemple : il existe un fort courant dans l’opinion, selon moi rétrograde, opposé à la vaccination. pour des raisons obscures, car l’examen objectif prouve amplement que la vaccination est un grand progrès pour l’humanité. nombreux sont les parents qui, pour justifier qu’on ne vaccine pas leur enfant contre l’hépatite b, brandissent l’argument selon lequel la vaccination présenterait le risque hypothétique d’induire la survenue d’une sclérose en plaques. on voit bien qu’ils ignorent les dégâts occasionnés par l’hépatite b chronique. risque hypothétique, en effet, car rien de sérieux ne vient étayer cette thèse. jusque là, les médecins qui se tiennent au courant pouvaient y opposer les articles publiés dans les revues « sérieuses ». et dire qu’il n’y avait pas de lien d’imputabilité entre la vaccination et les effets secondaires allégués. mais désormais ? désormais, la voie est grande ouverte aux obscurantismes les plus divers. car de plus en plus, ce n’est pas la rigueur de la méthode scientifique qu’on y oppose mais le marketing outrancier des trusts pharmaceutiques qui s’apparente à de la propagande. et les vieux dans tout cela ? on nous serine à tout-va qu’on va assister à une explosion du nombre de malades « alzheimer » et que les médicaments ont un intérêt quelconque dans cette soi-disant maladie, surtout si on traite la population à risque c’est à dire l’ensemble des vieillards (ne riez pas, c’est le discours médical officiel). toutes choses qu’on est bien en peine de croire étant donné les enjeux industriels et financiers sous-jacents considérables et le peu de rigueur méthodologique de ce qui est publié, à quelques exceptions près. et ces quelques articles d’exception montrent qu’il n’y aura pas d’explosion quantitative de cette soi-disant « maladie d’alzheimer » (pour des raisons essentiellement liées à l’augmentation du niveau d’éducation) et l’inefficacité flagrante des médicaments (forcément puisqu’il ne s’agit pas d’une maladie). alain jean publié dans actualité , alternative , alzheimer , coup de gueule , ehpad , science , vieillesse | marqué avec gériatrie , médecine , perte de crédibilité | un commentaire « alzheimer : le grand leurre » publié le 30 avril 2018 par lagelavie « alzheimer : le grand leurre » : tel est le titre du livre cosigné par olivier saint jean, professeur de gériatrie et eric favereau, journaliste au quotidien libération qui vient de sortir ces jours-ci en librairie. il s’agit d’un ouvrage salutaire qui contribue à fissurer un peu davantage l’édifice fallacieux dominant qui érige la « maladie d’alzheimer » en maladie, justement. je développais déjà il y a trois ans des thèses voisines dans mon livre intitulé « la vieillesse n’est pas une maladie », sous-titré « alzheimer, un diagnostic bien commode. » le fait qu’un professeur de gériatrie émette grosso modo les mêmes hypothèses constitue un renforcement significatif de tous ceux qui pensent que la maladie d’alzheimer n’existe pas. le montage de cet édifice ahurissant que constitue la soi-disant maladie d’alzheimer a une histoire très singulière rappelée par les auteurs. en 1906, aloïs alzheimer publie le cas d’une patiente jeune, environ 55 ans, qui présente une détérioration de la mémoire associée à une jalousie pathologique de survenue récente. au décès de la patiente un peu plus tard, l’examen du cerveau par alzheimer révèle des lésions inconnues jusque là : plaques séniles et dégénérescence neuro fibrillaire. de tout cela, alzheimer ne sait pas trop que faire. mais son patron, kraepelin, qui n’a pas l’honnêteté intellectuelle de son élève, et pour des raisons relevant de la concurrence avec d’autres laboratoires universitaires et avec la psychanalyse en train d’émerger, érige ce qu’a décrit alzheimer en maladie autonome à partir d’un cas plus quelques autres glanés ici ou là. quelques cas donc. « une goutte d’eau, mais parfois une seule suffit » soulignent les auteurs. pendant 70 ans, on n’entendra plus parler de rien. mais dans les années 70, la nouveauté incontestable, c’est l’émergence quantitative visible des vieux dans le paysage quotidien. c’est alors que survient, à point nommé si je puis dire, l’éditorial sans nuances du professeur de neurologie robert katzmann dans une revue médicale américaine. il y décrète qu’il y aurait entre 800.000 et 1.200.000 américains malades d’alzheimer. et voilà la monstrueuse machine sur les rails. qui dit « maladie » de cette ampleur dit médicaments, crédits de recherche, campagnes d’opinion, associations de malades et de leurs familles. comme le soulignent à juste titre les auteurs du livre : « d’ordinaire, la médecine est faite pour soulager, non pour accabler. elle est faite pour les malades, non pour les médecins. or c’est une véritable chape de plomb qu’a déposée la maladie d’alzheimer sur les personnes très âgées, et cela depuis 30 ans. le vieux ou le malade ne sont plus écoutés, on ne sait pas ce qu’ils disent, ils sont ailleurs, ils sont absents, ce ne sont plus eux. » mais face à l’obscène matraquage que nous subissons, les auteurs disent : « n’est ce pas un phénomène naturel que ce vieillissement cérébral ? d’autres parlent de déclin cognitif. est-il alors bien juste ou utile d’aller chercher une cause pathologique ? n’est-on pas face à une médicalisation à outrance du dernier âge de la vie ? » cette médicalisation à outrance comprend bien sûr l’usage sans frein des médicaments. cet aspect est fort détaillé dans l’ouvrage. cela nous permet d’y comprendre l’absence de rigueur scientifique et méthodologique, la corruption à tout-va. la conclusion reviendra à un professeur de médecine : « ces médicaments ont plus tué qu’ils n’ont guéri ». cette maladie construite de bout en bout ne peut par conséquent avoir de traitement que médical. si on prend l’exemple des « troubles comportementaux » de la soi-disant « maladie d’alzheimer », on y oppose couramment les médications de type neuroleptique et le placement en ehpad et au pire en uhr (unité d’hébergement renforcé). en bref, l’escalade répressive contre ces pauvres vieillards qu’on ne comprend pas et qu’on ne veut pas comprendre. et ils se rebiffent et c’est bien leur droit. ce serait quand même un sérieux progrès d’admettre que ce que recouvrent les troubles dits « psychocomportementaux », c’est un refus de notre part de tenter d’entrevoir le monde dans lequel évoluent les vieillards « déments ». soyons accueillants pour nos vieillards, ils sont ce que nous serons. faisons preuve à leur égard d’humanité et de compassion. ils ne sont pas malades. ils sont vieux. tout simplement. alain jean « alzheimer : le grand leurre » olivier saint-jean, Éric favereau, ed. michalon, avril 2018 « la vieillesse n’est pas une maladie: alzheimer, un diagnostic bien commode » alain jean, albin michel, 2015 publié dans actualité , alternative , alzheimer , science , vieillesse | marqué avec alzheimer , construction , leurre , vieillesse | 4 commentaires vers un autre regard ! publié le 26 avril 2018 par lagelavie dans un ehpad, une dame de 85 ans, désorientée, au bout du couloir sonne sans cesse, lorsque l’équipe lui demande ce qu’il y a , elle répond : « rien ! » ou alors « baissez les volets », « apportez moi un verre d’eau » etc … quelques minutes plus tard elle sonne à nouveau. l’équipe se lasse et identifie cette dame comme la résidente qui sonne tout le temps ! lors d’une formation nous évoquons cette dame, en faisant l’hypothèse que son comportement aurait un sens (cf la méthode de naomi feil) l’équipe décide de changer son approche auprès de cette dame, de changer son regard. ce n’est plus la « dame qui sonne » ; elle est devenue la personne qui appelle car elle ne se sent pas en sécurité. ils ont écouté ses demandes, les ont anticipées, et cela pendant plusieurs semaines. de retour dans cet ehpad au bout de 2 mois, cette personne sonne moins souvent, elle accueille les soignants désormais avec le sourire, ils ne lui demandent plus « pourquoi vous sonnez ? » ils lui demandent ce qui se passe, qu’ils entendent qu’elle appelle. cette démarche demande un réel travail d’équipe, de formation, pour accepter de changer de regard sur ces personnes. lorsque je me sens digne d’attention aux yeux de l’autre alors je peux me sentir exister, et en sécurité. c’est dans le regard de l’autre que je puise l’énergie qui m’aide à etre, j’ai besoin de sentir que j’existe. porter un regard sur l’autre, c’est déjà juger l’autre. ce jugement peut être valorisant ou non. si je vous demande ce que représente pour vous la vieillesse, ce sont souvent des mots comme rides, pertes, maladies, solitude, besoin d’aide, ne plus pouvoir faire … qui seront cités en premier. c’est ainsi le premier regard que je porte sur la vieille personne. cela est encore plus flagrant si cette personne est institutionnalisée et désorientée ; apparaissent alors les mots de folie, perte de mémoire, dans son monde, déambulation, désinhibition …. ainsi, si je reste avec ce regard porté sur l’autre, que cette démarche soit consciente ou non, mon regard est troublé par cela, ma communication non verbale est teintée de ces a priori. c’est mon regard sur l’autre qui l’amène vers cet état de dépendance, je suis un être de capacité et lui ne le serait plus. ce regard déficitaire envers l’autre ne facilite pas la rencontre, voir même il la trouble. il va même conditionner mon action à venir et plus encore si je suis soignant. je suis là pour m’occuper de vous, vous prendre en charge ! il nous est demandé de préserver leur autonomie, mais qu’elle est-elle ? ces vieilles personnes entrées en institution n’ont plus guère de possibilités d’exprimer leur autonomie, tout est décidé pour elles, même leur souhait d’y être admises. c’est alors une situation d’hétéronomie : l’autre décide pour moi. or si je change mon regard de soignant, mon approche je peux alors promouvoir l’autonomie et l’indépendance, et ainsi prévenir le dépendance et l’hétéronomie. cette entrée en relation avec un vision capacitaire peut permettre à l’autre de se sentir en capacité de décisions, d’exprimer son autonomie. je me dois, soignant, de changer de regard envers cet autre dit « dément » il n’est pas né vieux et désorienté dans l’ehpad où je travaille, c’est une évidence mais ça va mieux en le disant. cet autre que j’accompagne est un être humain avec des besoins, des désirs, des valeurs, des croyances, une famille, une histoire de vie, des capacités, des ressources. des ressources, parlons-en, ils en ont développé beaucoup au cours de la vie. c’est grâce à elles qu’ils ont eu la capacité de rester en vie si longtemps. ils ont dû faire face, comme chacun d’entre nous, à des situations difficiles, et ils en sont sortis vivants. au regard de leur grand âge, le nombre de ressources dont disposent ces personnes et innombrable. seulement ils ont perdu la capacité d’y accéder, et si notre regard est déficitaire, cela n’accentue-t-il pas cet état ? ainsi je me dois de porter sur ces personnes un regard capacitaire, et ce malgré tout ce que je peux voir de prime abord. je vois alors cette personne comme un égal, un être plein de ressources qu’il m’est demande d’accompagner, je dois pouvoir l’aider à gérer ses pertes, en l’aidant à accéder à ses ressources, celles-là même dont il s’est servi tout au long de sa vie. je suis là pour l’accompagner et avoir envers lui un regard capacitaire et valorisant. mais le modèle de nos ehpad aujourd’hui donne-t-il les moyens de mettre en place ce mode d’accompagnement ? cela demande plus de formations pour tous les soignants (au sens large du terme : toute personne intervenant auprès de ces vielles personnes) et un ratio plus élevé. ensemble nous sommes capables de faire de grandes choses, je me dois de faire avec lui et non sans lui. gwenaël andré publié dans actualité , alternative , alzheimer , bien/mal traitance , ehpad , vieillesse | marqué avec capacité , changer de regard , dément , ehpad | laisser un commentaire vive la novlangue en gérontologie! publié le 13 avril 2018 par lagelavie quelques illustrations de cette langue inventée dans le lexique de la gérontologie moderne, à partir d’une proposition de dominique rivière, suivie de quelques articles du dictionnaire impertinent de la vieillesse. maia: vous avez dit « maia » ! un nouvel acronyme dont je n’arrive pas à retenir le sens. on aurait préféré « gaia », cela aurait eu le mérite d’être écolo, vert, en phase avec les énergies renouvelables, durables. manque de pot, les vieux n’ont plus trop d’énergie, comme des batteries en fin de cycle, et ils ne durent plus beaucoup, du moins « indépendants » alors on invente des sigles. et les travailleurs sociaux et soignants qui œuvrent dans ces structures se disent « gestionnaires de cas » gestion à flux tendu j’imagine, en fonctions du marché ! les vieux peuvent dormir en paix. ils sont dûment surveillés, « gérés » (et « girés »), et auront des cases à chacun dans les logiciels ad hoc. il faudra bien qu’ils se plient aux impératifs normatifs pour prétendre bénéficier des aides idoines. comment est-ce possible de rester dans l’humain quand on parle de « gestion de cas » ? encore et toujours, attention au vocabulaire gériatrique, et pas seulement gériatrique. « placement », « cas » « lit » « orientation » « embolisation » (de lit, à l’hôpital). certaines formules sont directement issues du vocabulaire vétérinaire : « traçabilité » « surveillance ». courage ! un petit effort encore et, puces électronique implantées, il suffira de passer sa main dans le lecteur pour que tout soit organisé, géré… comme les paquets en grande surface. il y aura sans doute des stocks d’invendus… dominique rivière gestionnaire de k – de cas − : voir l’œuvre complète de franz kafka, et tout particulièrement le château et le procès … néanmoins, on lira aussi avec avantage la colonie pénitentiaire . gestionnaire de k renvoie à maia (maison pour l’autonomie et l’intégration des malades d’alzheimer). maia partir ? maia partir d’un clic ? au secours fuyons ! et même, maia l’abeille ? mais dans cette histoire qui fait son miel ? christian gallopin gestionnaire de cas : qui a osé proposer ce nom pour une fonction consistant à accompagner et coordonner des situations difficiles dans les maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’alzheimer (maia) ? Á l’origine, il y a forcément quelques humains, non ? ensuite bien sûr, la machinerie administrative se met en route, « procédurant » l’essentiel, c’est-à-dire les personnes âgées vulnérabilisées. pour exercer, le gestionnaire de cas − à l’origine un professionnel de santé ou un travailleur social − diplômé interuniversitaire de gestion de cas, est armé d’un référentiel de compétences et d’un autre d’activités. beaucoup est dit ainsi. josé polard acronyme : les acronymes sont généralement utilisés pour cacher les sens de leurs déploiements [1] : – orientés en ehpad par la maia du clic – sous tutelle de l’ars −, le dg nous reçu pour faire une grille aggir, déterminer le gir et le gmp. – jusque-là vous aviez l’aah ou le cpr et l’actp avec intervention de l’admr qui passait au fam, ex-fdt, grâce à la mdph succédant à la cotorep. mais, je vois que vous ne relevez pas de la cpam mais de la msa, alors ce ne sera pas possible. il faut un mad et trouver plutôt l’as d’un ssiad avec une ide d’un cms, une amd et un éventuel recours à un sajh ou encore interpeler un sapad. vous devriez contacter le cias. ou alors, envisager un sld pour votre pa, mais pas une had ; à la limite, une fa par la cnsa en lien peut-être avec l’apf. mais, là je ne sais pas, il faudra vous renseigner. – mais, nous, on venait juste pour une maison de retraite… – mdr [2] ? il n’y a vraiment pas de quoi ! [1] Éric hazan, lqr. la propagande du quotidien [2] mdr : indifféremment maison de retraite ou mort de rire, je ne vous donne que celui-là, le plus facile. le jeu consiste à trouver les autres, avant de mourir… christian gallopin publié dans actualité , alternative , alzheimer , coup de gueule , ehpad , vieillesse | marqué avec gérontologie , gestionnaire de cas , maia , novlangue | 2 commentaires marginal alzheimer et sécurité affective publié le 06 avril 2018 par lagelavie le visage a changé. d’un seul coup. attentif et concentré, son visage écoute. elle cherche. elle cherche et trouve l’origine de la source musicale. sur un fond d’orgue, une voix puissante et chaude s’élève. electro-ryth’m’n blues, voix anglaise, manufacturée en 2018. puisqu’il s’agit d’une musique jamais entendue par elle, ce n’est donc pas un écho mémoriel. qu’est ce qui l’habite alors ? mystère et boule de gomme comme on disait jadis, mais le mystère a quitté nos contrées. pourtant ce qui l’habite m’habite également. nous sommes donc ensemble. ensemble et en accord, retenez ce mot. je m’absente et pourtant elle ne décrochera pas. cette musique la fait si présente que même l’absence de l’autre ne l’affecte pas. au-delà de l’impact de la voix, elle parait renouer avec le rythme, et par là avec une sorte de temporalité. winnicott a écrit un fameux article [1] » la capacité d’être seul- en présence de l’autre » qui retrace les étapes qui conduisent un sujet, dans la relation à l’autre, à la capacité d’être seul en sa présence, puis à celle d’être seul en son absence. autrement dit, être habité. habitée par cette musique, partagée avec moi, elle a donc à ce moment et pour une certaine durée cette capacité d’être seule qui nous rend tous, quand on l’éprouve, suffisamment tranquille. le sujet perdu et son vécu abandonnique force est pourtant de constater que les sujets « alzheimer » présentent le plus souvent un tableau bien différent. lors de la maladie avancée, une intranquillité parait les mouvoir (déambulations) et les parler (répétitions et écholalies). le sujet aux prises avec la démence est perdu, disions-nous lors d’un billet précédent [2] , psychiquement dans les marges, à la périphérie, à l’écart. perdu, il attend. (on peut bien sûr contester ce point de vue). mais comment attendre, que quelque chose ou qu’on advienne, quand on n’a plus accès à la temporalité. peut-être est-ce pour cela qu’il est dans l’agir, le contraire de l’attente… avec ses pieds, pas à pas, il attend en marchant. des jeux de l’enfance, celui de se cacher dans un placard est un des plus angoissants. et si personne ne se préoccupait plus de nous, ne nous cherchait plus, ne nous (re)trouvait pas… seul on resterait, sans traces d’existence chez l’autre (une des craintes majeures de l’après-mort). mais quand en plus les traces psychiques en nous s’effacent les unes après les autres, reste alors, comme ressort majeur relationnel et étayage affectif, l’empreinte qu’elles laissent chez l’autre. ou pas ! il est courant de décrire les sujets « alzheimer » comme faisant preuve d’une grande dépendance affective avec leur entourage personnel et professionnel. « nombre de troubles du comportement trouvent facilement leur explication dans un vécu d’abandon, d’où le besoin de compter, d’attirer l’attention sur soi, mais aussi l’impossibilité de mettre des mots sur des émotions vont jouer un rôle dans la tendance des malades à réagir par des troubles du comportement » [3] . mais l’abandon n’est pas seulement celui consécutif de l’absence de telle ou telle personne, même si ça compte, mais avant tout celui des mots. quand les mots manquent pour donner sens, reste l’affect. sécurité affective : d’une certaine intelligence à l’accordage avec piaget, nous pourrions définir ainsi l’intelligence : « ce n’est pas ce que l’on sait, mais ce que l’on fait quand on ne sait pas ». si l’intelligence est modalité de l’adaptation, alors il nous faudrait décrire les stratégies à l’œuvre chez les sujets aux prises avec la démence pour faire face malgré tout. avec de véritables capacités affectives, qui vont de l’empathie à la possibilité d’un certain attachement. cela nous éviterait de les positionner dans un registre victimaire, disqualifiant. il nous parait clair que le besoin majeur d’un sujet « alzheimer » est celui de sa sécurité affective, comme base d’existence. une sécurité affective qui se construira avec le sujet âgé, chacun tâtonnant, même avec des compétences inégales. comment y contribuer est la seule question qui compte. cette construction de la relation affective complexe fait appel chez les aidants à une partie psychique affective qu’il s’agit de ne pas craindre, de reconnaitre, et non pas de maitriser, mais d’orienter. on pense bien sûr à l’accordage affectif, cette notion décrite par stern [4] pour décrire l’ensemble des échanges relationnels et émotionnels entre un bébé et sa mère. pour lui, il s’agit d’un système grâce auquel se mettent en place les processus d’attachements et de bonne distance, procurant la sécurité affective. l’accordage affectif est au cœur du fonctionnement d’un couple, élément majeur de sa « sécurité » affective, comme d’ailleurs de toute relation quelque peu engagée. ceci suppose pour les soignants ou les proches en relation avec un sujet « alzheimer », d’accepter la position d’un interlocuteur, disponible à l’accord affectif, comme manière d’entrer en contact. un interlocuteur curieux de (re)trouver un sujet. aux marges. ps/ les premières paroles de la chanson(« we choose » de her): « oh we choose the way we’ll be remembered » je traduis: oh nous choisissons, la façon dont on se souviendra de nous josé polard [1] la capacité d’être seul dw winnicott, payot [2] josé polard http://lagelavie.blog.lemonde.fr/2018/03/30/la-venir-rencontre-avec-le-sujet-aux-prises-avec-la-demence/ [3] l.ploton « a propos de la maladie alzheimer », gérontologie et société 2009/1 [4] les formes de vitalité, daniel stern, odile jacob 2010 publié dans actualité , alternative , alzheimer , choix , ehpad , vieillesse , vieillissement | marqué avec accordage affectif , démence , intelligence , marginal alzheimer | laisser un commentaire là- venir. rencontre avec le sujet, aux prises avec la démence publié le 30 mars 2018 par lagelavie dans « l’interlocutrice » un livre de geneviève peigné(1), une fille rencontre, dans les marges de nombreux livres policiers de la bibliothèque familiale, sa mère porteuse de la maladie alzheimer, décédée depuis peu. a travers des annotations qui dévoilent la persistance d’un sujet encore sur le vif des émotions, en recherche d’interlocuteurs, odette, sa mère, perdue dans la « nuit alzheimer », trouve alors des interlocuteurs, sous la forme des héros de chacun des romans avec qui elle réagit et même interagit. cette intuition de parler du sujet alzheimer comme d’un sujet perdu, michele grosclaude l’a proposée depuis fort longtemps(2). perdu certes écrit elle, mais trouvable et retrouvable. comment? nous en dirons un mot un peu plus loin. yves bonnefoy, poète du réel et de la présence, a décrit de manière très sensible cette sensation d’être perdu dans un poème en prose, » là où retombe la flèche »(3) . ici, il s’agit d’un enfant, mais l’expérience est la même: perte des repères, l’inquiétude qui monte; les mots qui perdent leur fonction de sens et ne sont plus inscrits dans une chaîne signifiante, devenant juste des bruits, comme tant d’autres provenant de la forêt. le corps et la nature, compacts: « il n’y a plus d’espace entre lui et la moindre chose ». pas de traces, ni d’indices. c’est « l’aboi d’un chien qui mis fin à sa peur ». où l’on voit que les signes de présence humaine sont insaisissables et parfois inattendus. au décours de la maladie d’alzheimer, on le sait, l’activité de l’appareil à penser -dit cognitif- , tout comme la capacité à subjectiver l’expérience sont plus ou moins rapidement atteints, quasi totalement détruits. reste alors au sujet, l’affectivité, c’est à dire ce registre de fonctionnement psychique qui s’impose comme possibilité presqu’unique d’agir et d’interagir avec les autres (par le corps, les émotions, les identifications, les images et quelques mots à peine signifiants). certains sont en marge, d’autres en marche, l’ensemble faisant une société…je retiens l’idée que vivre avec( ou contre) une démence , c’est le risque d’une vie, littéralement, marginale. concrètement, s’éprouver perdu et incapable de donner sens, tout comme l’impossibilité cognitive à pouvoir se situer et s’orienter dans le temps et l’espace, se traduira par des vécus abandonniques, au cœur du quotidien de la vie en ehpad. le cortège des troubles de comportement qui va avec ne sera que le balbutiement de cette insécurité profonde. nous faisons l’hypothèse que c’est à cet endroit, affectif, où le sujet est perdu( éprouvant un affect qu’il ne peut nommer et reconnaître) qu’une éventuelle rencontre est possible, préalable à une relation, comme aux premiers temps de la vie, avec la même incertitude et la même nécessité d’un autre fiable. cette relation est alors (re)trouvable dès lors qu’une nouvelle rencontre advient. le devenir d’un tel sujet qui précisément est là- venir nécessite cet effort ou cette disponibilité. pour que le sujet » alzheimer » soit (re)trouvable, il nous faut donc une certaine qualité de permanence avec pour seuls outils, la curiosité et le désir d’autrui. et ne pas craindre d’explorer les marges de notre fonctionnement psychique. est ce que cela s’apprend en formation? je dirais que cela s’éprouve. josé polard (1) geneviève peigné » l’interlocutrice » ed. le nouvel attila (2) michèle grosclaude. plus précisément, » le dément sénile: un sujet perdu, un sujet (re)trouvable? in psychologies médicales » 1987, 19.8. 1267-1269 (3)yves bonnefoy: « ce qui fut sans lumière ». nrf publié dans actualité , alzheimer , choix , coup de coeur , ehpad , vieillesse | marqué avec affectivité , alzheimer , là- venir , marge , rencontre , sujet perdu | un commentaire ← articles plus anciens décrypter nos manières contemporaines de vieillir. comprendre ce qu’elles disent de nous. en ces temps de jeunisme à tout va, jamais une civilisation ne s'est autant "intéressée" au vieillissement humain et à ses vieux: -du senior aux papy-boomers, jusqu'aux soins prodigués au grand âge. - comme questions sociales, sanitaires et économiques, donc forcément politiques. - aux travers de faits divers qui se transforment en faits de société. -sans parler des sciences et de l'art explorant les différentes facettes du vieillir humain. animant ensemble une collection gérontologique, nous présentons ce blog pluriel, avec d'autres contributeurs, mêlant curiosité et humour, impertinence et indignation, le souhaitant ainsi propice aux interactions avec les lecteurs. michel billé, christian gallopin, josé polard. rechercher : articles récents pathos quand j’étais vieux est-ce ainsi que les hommes meurent ? de quoi la maladie d’alzheimer est-elle le nom ? la médecine n’est-elle pas en train de perdre sa crédibilité ? archives mai 2018 (4) avril 2018 (5) mars 2018 (4) février 2018 (5) janvier 2018 (10) décembre 2017 (6) novembre 2017 (5) octobre 2017 (6) septembre 2017 (4) juillet 2017 (4) juin 2017 (6) mai 2017 (6) avril 2017 (4) mars 2017 (9) février 2017 (2) janvier 2017 (6) décembre 2016 (4) novembre 2016 (6) octobre 2016 (6) septembre 2016 (5) juillet 2016 (2) juin 2016 (6) mai 2016 (8) avril 2016 (9) mars 2016 (9) février 2016 (8) janvier 2016 (8) décembre 2015 (7) novembre 2015 (8) octobre 2015 (6) septembre 2015 (6) Étiquettes alternative alzheimer bien bientraitance choix coup de gueule critique domicile démence effort ehpad enfermement fable gériatre gérontologie image injonction intimité justice tardive langue de bois maladie maltraitance mort mémoire nostalgie personnes âgées photographie privation de liberté procedure quincados rationalité économique retraite senior silver économie solitude transhumanisme vie vieillesse vieillir vieillissement vieux violence âge éthique évaluation l'âge, la vie fièrement propulsé par wordpress le monde.fr aide | ce blog est édité grâce au concours de wordpress